mercredi 23 novembre 2016

Et l'homme créa la vache

Comment, par la sélection des reproducteurs puis le génie génétique, l’homme a "fabriqué" des vaches parfaitement adaptées à la production et la consommation intensives. Sur un ton cocasse, une enquête édifiante Jean-Christophe Ribot sur ce glissement démiurgique.
Ce documentaire s’interroge sur le sens des rapports qu’entretiennent les humains avec les bovins. On comprend surtout que l’homme s’arrange pour nier les caractéristiques du « vivant » chez le bovin afin d’en faciliter toutes les étapes de son commerce, de la naissance de la bête jusqu’à sa consommation. Adieu les relations sexuelles, mise bas sans contact avec le veau, éducation du veau en cage, alimentation par fourrage industriel, espace de vie restreint ne permettant pas de gambader et mort à la chaîne.

On voudrait croire que cette tendance à « déshumaniser » les bêtes - parce qu’il n’existe pas de verbe signifiant "enlever les caractéristiques de la vie chez les mammifères" – ne concerne que celles destinées à l’alimentation humaine. L’homme a une fâcheuse tendance à vouloir contrôler le mode de vie et de reproduction de toutes les bêtes qui l’entourent. Ce contrôle - légalement soutenu par les codes civil, pénal et rural faisant de tout animal un objet soumis à propriété humaine – permet de dénier le mode de vie inhérente à chaque espèce et permet de le commercialiser sans autre forme de procès.
Les animaux - qu’ils soient de compagnie, d’exploitation ou sauvages - ont des besoins et des envies. Ils vivent grâce aux relations sociales qu’il crée avec ses congénères et possède une conscience individuelle et collective. L’homme moderne parviendra-t-il à revenir sur les traces de ses ancêtres qui respectaient l’esprit de l’animal ?


Résumé :
« Au commencement étaient les aurochs, immortalisés par l’art pariétal. Puis vint le temps de la domestication. En régentant la vie sexuelle des bovins, l’homme s’octroyait ainsi la possibilité d’améliorer la race. Au XXe siècle, qui voit l’invention de l’agriculture industrielle, le phénomène connaît un coup d’accélérateur grâce à l’insémination artificielle. Les tests de descendance, mis en œuvre pour élire les meilleurs reproducteurs, accouchent d’un véritable star-system et… de maladies de la consanguinité, la semence des taureaux les plus en vue inondant le marché - à l’image du vaillant Jocko Besné, né en 1994 dans le Morbihan et père de quatre cent mille femelles sans avoir jamais sailli une comparse. Au début des années 2000, une nouvelle étape est franchie avec le séquençage du génome d’une vache. Désormais, il s’agit pour les éleveurs, guidés par des algorithmes, d’acquérir le sperme du mâle génétiquement idéal pour leurs femelles. On « fabrique » des vaches sur mesure : Musclée ? Sans cornes ? Avec des petits pis ? Grâce aux progrès de la génétique, il n’y a plus qu’à choisir son modèle et passer commande. Et puisque l'on peut décrypter le génome des bovins, pourquoi ne pas le modifier ? En Argentine, des chercheurs sont allés jusqu’à donner naissance à Rosita, une vache porteuse de deux gènes de femmes censés reproduire les propriétés du lait maternel humain. 
Tourné dans les élevages et les laboratoires, auprès d’agriculteurs, de généticiens et de philosophes, ce film dresse un état des lieux stupéfiant du pouvoir de l’homme sur le vivant, qu’il modèle selon ses désirs.»


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